Des épaves sur la plage

• ACCROCHE

Sur de nombreuses photos de Grandcamp après-guerre, on rencontre de nombreuses embarcations échouées sur la côte. Si, en soi, il n'est pas extraordinaire de trouver des épaves proches d'un port de pêche, leur silhouette ne nous laisse pas indifférents tant elles sont emblématique des évènements du Jour-J. 

Ce que nous voyons comme de probables "péniches de débarquement" venues mourir sur le sables du Petit Nice ont peut-être beaucoup plus à nous raconter que ce que l'on pense.

Extrait d'une vue oblique du port faite le 18 juin 1945 [NARA - NAI 195953071]

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• 1 & 2

2 longues barges dont une git sur la cale ouest du port de Grandcamp et l'autre dans le creux du "Petit Nice". Ces barges sont visibles sur plusieurs clichés de l'avant Débarquement jusqu'à la libération de Grandcamp.

Dans la journée du 6 juin 1944, les deux barges sont dans les passes

[NARA - NAI 195956444]

Le 9 Juin, la barge 2 est coulée en travers des passes, interdisant toute intrusion dans le port

[LIFE - Frank SCHERSCHEL]

octobre 1946, la barge "1" est toujours sur la cale ouest du port [IGN]

Ces deux barges sont des péniches que les allemands ont amené en 1940 afin de préparer la fameuse "Opération Seelöwe" ayant pour objectif un débarquement massif dans le sud de l'Angleterre. On remarque cependant qu'elles ne présentent pas les modifications classiques apportées aux péniches de SEELÖWE (portes frontales et rampes).

L'opération ayant été abandonnée, les occupants trouvèrent d'autres utilités à ces encombrants navires. Tandis qu'un chalutier amarré dans les passes faisait office de poste de douanes "Zoll" et de surveillance des bateaux de pêche (on en reparlera), la barge "1" faisait fonction de porte en étant rabattue en travers de la passe lorsque les autorités le décidait.

Dans la journée du 8 juin 1944, les allemands tentent de rendre le port impraticable par les alliés. Ils coulent donc la péniche "1" et le chalutier dans les passes. Dès le 10, les hommes du 11th Port tractèrent la "2" jusque dans le creux du Petit Nice et l'échouèrent. La "1" fut tirée sur la cale.

Les barges furent détruites quelques années plus tard. La "2" en 1945-46 et la "1" survivra au moins un an de plus.

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• 3 & 4

Ces deux autres barges reposent un peu plus loin la plage, près des casemates du Wn81. Leurs silhouettes semblent assez caractéristiques des chalands de débarquement alliés que nous avons tous déjà vu. Mais de quel modèle s'agit-il exactement ?

Grace aux photos de très bonnes qualité partagées par notre ami Cric14V, nous avons accès aux détails de ces deux barges.

Leur forme, et notamment l'angle de la rampe, est assez caractéristique des Landing Barges (LB) britanniques. Ce sont des barges surtout utilisées lors des opérations logistiques en arrière de la première ligne où opèrent leurs célèbres cousines LCA, LCVP et autres LCI par exemple. Notons d'ailleurs que contrairement à ces dernières, les LB ont leur rampes à l'arrière.

Cette photo nous offre quelques détails instructif sur l'utilisation de cette barge. Le garde corps circulaire autour d'un support de canon anti-aérien est typique des LBE (Landing Barge Emergency) équipés pour porter assistance et/ou réparer d'autres barges ou bateaux de leur taille. Intuition confirmée par le marquage encore à peu près visible qui nous montre le haut de ce qui pourrait être un petit "B", suivi d'un grand "E", d'un "3" et de ce qui pourrait bien être un "1".

Reste à connaitre l'histoire de la LBE31 !

Et bien peut être était-elle venue porter secours à la barge "4" ?

Si cette dernière semble très similaire à la LBE, elle est en fait d'un modèle plus répandu. Il s'agit d'une LBV(L) pour Landing Barge Vehicule (Large). Ces barges sont prévues tant pour le transport de caisses que de véhicules logistiques comme des camions

deux LBV(L) échoués sur la plage d'Arromanches en juin 1944 et une maquette [Imperial War Museum - A24164]

Ces deux barges illustrent parfaitement les opérations logistiques qui se sont déroulées dans le port de Grandcamp durant l'été 1944. Une activité intense, souvent décrite par les habitants du coin qui souvent participaient directement à la décharge de ces péniches.