Aller sans Retour
- Gervin THOMAS
- 16 mai
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 juin
Nuit du 5 au 6 juin 1944.
En préparation du débarquement qui a lieu dans quelques heures, les Alliés lancent un bombardement massif sur le mur de l'atlantique. A 5h, avions et bateaux de toutes les armées martèlent leurs objectifs. Au milieu de la nuée de bombardiers, les Avro-Lancaster du N°97 Squadron foncent vers la Pointe du Hoc. La mission est considérée assez facile. La cible n'est pas profondément dans les terres, et la Flak allemande est faible dans ce secteur. Seule difficulté apparente, le ciel est nuageux et le bombardement pourrait perdre en précision.

Juste avant 5h, le chef de groupe ordonne aux pilotes de descendre de 2000 pieds afin de crever l'épaisseur des nuages et mieux voir la cible. Dans l'avion immatriculé ND815"G", la tension monte. Le Løytnant norvégien Finn V. JESPERSEN, pilote, passe en revue son équipage composé de quatre autres norvégiens, d'un britannique et d'un canadien.
A l'avant, le bombardier Knut B. MAGNUS, est allongé sur son viseur, prêt à larguer les bombes. A coté de Finn, Gerald J. J. ASHPOLE, mécanicien britannique, garde un oeil sur ses instruments de mesure tandis que derrière, le navigateur Christian A. MUNSTER est concentré sur sa carte. Derrière une fine cloison de contreplaqué, Kare PEDERSEN se bat avec sa radio pour essayer de rester en contact avec le reste de la flotte. Mais le nombre ahurissant d'appareil dans le ciel sature les ondes. Finn murmure quelques mots dans son masque à l'attention des deux mitrailleurs postés à l'arrière du bombardier: Jon E. H. EVENSEN situé dans la tourelle de queue et le canadien William R. McCUTCHEON dans la tourelle dorsale. Tous sont prêts.
A 5h tapante, les soutes se vident sur la Pointe du Hoc assommant la garnison allemande juste avant l'arrivée des Rangers. Mais c'est probablement à ce moment précis qu'une rafale de canon traverse le fuselage du Lancaster de bas en haut, blessant et tuant plusieurs membres d'équipage. Le chasseur Focke-Wulf 190s de Helmut EBERSPÄCHER vient de déboucher d'en dessous, direct dans l'angle mort du bombardier qui ne peut donc pas riposter. L'avion pique du nez et s'écrase dans les environs de Géfosse - St Clément. Juste après, il abat un autre avion du N°97 Squadron, le ND739"Z", qui s'écrase près de Carentan.
L'As allemand déclare avoir descendu quatre avions en quelques minutes sur le secteur de la Baie des Veys.

Rentrés à la base, le chef de groupe ne peut que déplorer la disparition de ces deux appareils. Personne n'a rien remarqué, et la présence de chasseurs dans la zone n'est alors que spéculation sans confirmation visuelle. Les équipages sont déclarés disparus et la famille est notifiée dans la foulée.
Ce n'est qu'en septembre 1944 que l'histoire de l'avion refait surface. Les corps de deux membres de la RAF sont retrouvés enterrés au cimetière militaire provisoire de Bayeux et avec eux, un élément de fuselage appartenant à l'Avro-Lancaster ND815"G". L'un des deux est encore plus tard identifié comme étant William R. McCUTCHEON. Il repose toujours là bas. L'identité du second reste aujourd'hui incertain. Il pourrait s'agir de Jon H. EVENSEN et pourrait avoir été rapatrié en Norvège depuis (information qui reste à confirmer).
Dans le cimetière de St-Clément (Osmanville), un autre membre de la RAF est inhumé depuis le débarquement. Un nom figure sur une croix blanche peinte à la hate: "Gerald J. J. ASHPOLE". Lui aussi repose toujours là où il a été initialement enterré, mais la humble croix a été remplacée par une pierre tombale plus solennelle.
A l'heure actuelle, on considère que ce sont les deux seuls membres a voir été retrouvés, mais le sacrifice de l'ensemble de l'équipage reste commémoré par une stèle noire dressée en 2014 dans le cimetière de St-Clément en présence des autorités française, britannique, canadienne et norvégienne.
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