l'Anglais
- Gervin THOMAS
- 19 mars 2024
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 juin
Cela fait un an et demi que les villages du coin sont sous autorité allemande. L'occupation fait osciller le moral entre résignation et résistance à l'ennemi. Malgré tout, chaque apparition d'un avion allié au dessus de la mer ravive la flamme de l'espoir.

La journée du 24 Novembre 1941 commence comme toute les autres sur la base de Benson en Angleterre. Nicholas PEEL, jeune pilote de 22 ans prends ses ordres: Vol de reconnaissance photographique sur les côtes normandes.
Dans le jargon de la RAF, c'est un "Dicing", un jeu de dés avec la mort. Une mission vitale pour les renseignements, mais extrêmement périlleuse.
Vers 14h, le jeune homme fais le tour de son Spitfire équipé d'appareils photographiques et monte dans le cockpit. La météo n'est pas très bonne mais facilite l'approche de la côte sans être repéré trop vite. GO!
14h45, le Spitfire R6610 quitte Benson et fait cap au sud en direction de Port-en-Bessin. Arrivé devant le petit port normand, il vire à l'ouest en rase motte et actionne ses appareils pour photographier la côte jusqu'à Grandcamp et repartir au nord pour rentrer. La mission se passe bien jusqu'à Vierville.
Dépassant la Pointe de la Percée, 2 Messerschmitt Bf109 apparaissent derrière Nicholas. L'approche se fait jusqu'à la Pointe du Hoc où les 3 avions survolent de très près quelques barques de Grandcamp dont celle de Pierre VIMARD:
A la bouée n°1, trois avions venaient de l'est à basse altitude. Deux avions allemands encadraient l'avion anglais. En arrivant à notre verticale, un avion allemand a mitraillé l'avion anglais. Nous avons très bien vu les balles exploser sur la carlingue [...]
Pierre-Louis CHARDON était présent sur les lieux:
Alors aussitôt l'avion a tourné doucement, il s'est mis à fumer et fumer, il est allé vers la mer en descendant tout doucement, tout doucement et puis les deux autres, eux, ils ont continué leur route. Il est arrivé au raz de l'eau, il a monté comme ça, à pic et puis pouf, en marche arrière.
Gustave CHARDON, sur sa chaloupe, file vers le lieu du crash et récupère Nicholas, déjà mort dans son cockpit. Arrivé à terre, son corps est amené au hangar du canot de sauvetage et les grandcopais veilleront le corps pendant quelques jours avant son enterrement.
Le lendemain matin, le Squadron Leader Le MESURIER et le Flying Officer GREEN prennent chacun un Spitfire pour chercher Nicholas au cas ou il serait proche des côtes dans son radeau de survie. En vain.
Après la veillée, effectuée par les vieux marins de Grandcamp. Nicholas sera enterré au pied de la vieille église dans le cimetière de Grandcamp.
Claude ANQUETIL raconte:
J'vois encore les allemands de chaque côté, tirer la salve d'honneur. Les gens y sont allé.
Pendant toute la guerre, sa tombe est marquée d'une croix en bois peinte en blanc, faite par le menuisier.

Et comme s'il fallait une preuve de l'attachement de la population locale pour ce "malheureux gamin", le 2 Mai 1946, le conseil municipal votera l'organisation d'une quête afin d'offrir à Nicholas Richard PEEL un monument funéraire. La municipalité demandera plus tard aux autorités militaires britanniques de conserver la tombe plutôt qu'elle soit transférée dans un cimetière militaire.
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