Danke Schön
- Gervin THOMAS
- 12 mai 2024
- 2 min de lecture
Dans l'après-midi du 6 juin 1941, les grandcopais s'amassent sur le Perré. Un carré de soldats de la Wehrmacht, accompagné de quelques hommes de la Kriegsmarine, s'organisent de chaque côté de la station de la Société Nationale de Sauvetage (ancêtre de la SNSM) sous l’œil coquin de l'équipage du canot "Commandant GARREAU". Si la scène pourrait faire croire à une énième réquisition, il s'agit en fait d'une mise à l'honneur de nos marins, en écho au sauvetage qui eut lieu le 3 mai dernier. 4 officiers allemands et 2 soldats se trouvaient alors en fâcheuse posture sur leur bateau après avoir cassé le gouvernail.
Les hommes de Pierre GIBERT leur avait alors porté secours.

A 15h30, on ouvre donc les portes de l'abri et on sort l'étrave de l'illustre canot. Les gens continuent à s'amasser et les photographes de la presse se préparent. A 16h, deux belles voitures noires arrivent et se garent derrière la foule. Tous les soldats se mettent au garde à vous.

Apparait alors l'OberstLeutnant ELSTER.
ELSTER est le commandant de la FeldKommandanture de Caen. C'est est l'officier le plus important du Calvados à ce moment là. L'autrichien est imposant avec son le regard dur et sa moustache blanche. Vétéran de la Première Guerre Mondiale, il est décrit comme foncièrement anti-français. On ne l’imagine donc pas forcément heureux d'être là entouré par tout un village.

Derrière lui, le SönderFuhrer HOFFMAN, chef du Bureau de Propagande de la région Nord-Ouest. HOFFMAN n'est pas un militaire, son grade est celui d'un spécialiste civil incorporé à un service administratif de l'armée. C'est un intellectuel allemand et d'ailleurs, il parle français. Aujourd'hui, il fera office d'interprète entre l'Obstlt ELSTER et les grandcopais.
Léon GOUYE, souhaite la bienvenue aux officiers avant d'entamer son discours. Celui qui est alors le Maire de Grandcamp rappelle aux allemands qu'en secourant le bateau, les sauveteurs n'ont fait qu'accomplir leur devoir "de gens de la mer".
Comme conclusion à son discours, l'édile demande au commandant ELSTER de bien vouloir accéder à la demande de libération de grandcopais prisonniers de guerre comme une récompense de cette action.
ELSTER prend à son tour la parole. Il fait le récit du sauvetage des 6 allemands, annonçant que les marins grandcopais méritaient une reconnaissance sans borne. Il ajoute:
cet acte prouve que vous suivez la pensée de votre vénéré chef, le Maréchal PÉTAIN. Qu'ainsi, l'inimitié passée se transforme en compréhension et que bientôt, j'espère, cette collaboration entre Allemands et Français deviendra une amitié entre nos deux peuples.
On comprend alors tout l'enjeu de cette cérémonie pour l'occupant, ainsi que la présence de la presse et du chef du Bureau de la Propagande ...
A la fin de la cérémonie, ELSTER passe devant chaque homme et offre une enveloppe de 1000 francs et un paquet de cigarettes. Il se tourne vers L. GOUYE, le salue, lui souhaite les meilleurs vœux pour l'avenir de son village et s'en va comme il est arrivé ...

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